Le professeur François DURET n’est autre que l’inventeur de la CFAO dentaire, nouvelle technologie alors révolutionnaire qu’il a présentée lors de sa thèse de deuxième cycle en Chirurgie Dentaire au tout début des années 1970 à Lyon.
Mais réduire ce visionnaire à cette seule invention serait une injustice. Ce multi-diplômé, chercheur, enseignant, inventeur (plus de 70 brevets avec des centaines de dépôts internationaux à son actif), s’illustre au plan international aussi bien dans les domaines scientifiques que médicaux.
Il ne cache pas cependant l’intérêt premier qu’il a toujours entretenu pour la CFAO, « son bébé ». C’est l’occasion pour nous de faire le lien entre l’imagerie numérique dentaire et le prolongement naturel qu’offrent les imprimantes 3D EnvisionTec, particulièrement adaptées aux applications dentaires tant par leurs performances que par la large gamme des résines disponibles.
Il y a presque 50 ans, en inventant la CFAO, vous imaginiez déjà un process entièrement informatisé pour la fabrication de prothèses dentaires. L’impression 3D numérique a donc apporté le complément idéal à votre invention. Quels progrès majeurs l’impression 3D pourra-t-elle encore offrir dans les années à venir? Comment voyez-vous l’avenir des métiers dentaires?
Vous avez tout à fait raison, l’impression 3D est l’un des prolongements ou plutôt l’une des pièces majeures de la CFAO dentaire. D’ailleurs comme l’a très bien expliqué le Dr Poupon dans sa thèse de Brest, j’avais décrit ce principe d’impression numérique sans le savoir en parlant de « déposition ». C’est vous dire que l’intérêt porté à cette technique fut presque spontané.
Un élément important réside dans le procédé d’impression par addition en offrant des variétés de constructions géométriques que ne peuvent pas permettre des méthodes par soustraction. Les process sont en plus de plus en plus rapides et l’offre de matériaux s’élargit rapidement en permettant des variations de teintes disponibles qui peuvent devenir infinies à court terme.
Quoique cette technique très sophistiquée restera l’a panache des laboratoires, il n’empêche que pour les prothèses provisoire, dans les années à venir, l’intégration dans les cabinets dentaires sera de plus en plus importante car la méthode par addition est à la portée des praticiens et sa rapidité d’exécution répond à leurs exigences. Il est par ailleurs à noter que l’apparition récente des résines bio-compatibles va accélérer le taux d’équipement dans le milieu dentaire.
Une imprimante VIDA d’EnvisionTec a été installée et vos équipes formées par Arketyp 3D fin juin 2017. Quels sont les premiers retours que vous en ont faits les utilisateurs? Quels changements la VIDA a-t-elle apportés dans leur travail?
Nous sommes un laboratoire de recherche, donc pas un laboratoire de prothèses classique. La machine tourne tous les jours. Au départ, nous avons dû mener un travail d’analyse pour trouver les matériaux, les résines qui correspondaient à notre objectif, et depuis que ce point est réglé, l’imprimante fonctionne quotidiennement avec une grande rapidité et une très bonne fiabilité d’exécution.
L’impression 3D numérique de la Vida avec sa technologie par addition offre une simplicité d’utilisation qui n’existait pas avec les méthodes par soustraction. On peut par exemple citer comme avancée majeure la suppression des usures d’outils, qui était une vraie bête noire en termes de précision. On obtient donc maintenant un niveau de précision tout à fait stable et surtout répétitif, et ces qualités constituent un plus très important.
Vous utilisez différentes résines avec votre VIDA : Emodel, Eorthoshape à présent ou encore Eguard et Edent qui sont bio-compatibles. Pour quels types d’applications utilisez-vous ces différentes résines?
Les résines bio-compatibles représentent un progrès énorme pour la dentisterie.
Quand j’ai conçu la CFAO, j’avais un problème majeur pour la réalisation des prothèses adjointes, appelés plus vulgairement les appareils. La méthode additive, avec masque ou sans masque, a permis aujourd’hui une ouverture décisive dans la réalisation des appareils complets ou les appareils adjoints partiels telle que je l’avais envisagée dans mes brevets de mai et novembre 1982. Cette percée ne fera qu’augmenter, ce qui n’est pas du tout négligeable en termes de pratique quotidienne. Ce changement est beaucoup plus important qu’on ne le croit ou qu’on ne le dit.
Les méthodes additives couplées aux résines bio-compatibles vont également jouer un grand rôle en implantologie et dans les futures méthodes de réalité augmentée, mais on en a encore peu conscience aujourd’hui.
Il y a tout un champ de réalité augmentée qui va nécessairement utiliser la méthode additive en temps réel en cabinet dentaire. On peut imaginer par exemple la fabrication de pièces permettant des actes chirurgicaux, la méthode additive va apporter dans ce domaine un changement radical par l’impression numérique de masques gingivaux ou encore de guides d’implantologie, pour ne citer que quelques exemples. Cela constitue tout un pan qui va se démocratiser très rapidement.
J’imagine également des applications concrètes pour les périphériques comme en orthodontie, où cette méthode pourra enfin simplifier la fabrication si complexe aujourd’hui.
En prothèse conjointe, comme je le décrivais d’ailleurs aussi dans les années 70 par « la méthode Sandwich » nous pouvons associer deux matériaux différents, l’un pour l’infrastructure et l’autre choisi pour ses qualités esthétique (interchangeable). Décrit récemment (comme une nouveauté !) on décrivait aussi une variante de la « crown sandwich » en associant (en 1970) un matériau infrastructurel pour une fabrication par la méthode soustractive sur lequel je construisais dans un autre matériau une structure esthétique par addition… A cette époque, comme j’étais seul, je pouvais me permettre d’inventer des noms!
Les premiers résultats obtenus après huit mois d’utilisation de la VIDA vous incitent-ils à accroître votre parc d’imprimantes 3D numériques pour tendre vers une plus grande capacité de production et/ou diversifier vos impressions?
Oui évidemment! Un bon laboratoire de recherche en dentisterie ne peut pas se passer d’avoir des machines additives. C’est aujourd’hui impensable. La Vida que nous utilisons nous donne toute satisfaction et elle nous poussera en effet à tester de nouveaux matériaux.
Avez-vous testé d’autres imprimantes 3D numériques pour vos applications dentaire?
Oui, une très grosse machine industrielle nous a été prêtée. Mais la vida a l’avantage d’être petite, pratique, facile à installer. Lorsque j’étais praticien pendant 18 ans au Grand Lemps (Isère France), j’avais un laboratoire de prothèse dentaire intégré à mon propre cabinet, avec un (Mr Lafitte) puis 2 puis trois. Si c’était à refaire aujourd’hui, je l’aurais équipé avec une imprimante Vida, c’est une évidence. La convivialité de cette machine, la formation rapide à son utilisation ainsi que les résultats très bons que l’on obtient en un temps très court, en font un équipement idéal tant pour les praticiens que pour les prothésistes.
Je souhaite souligner l’importance au démarrage du temps à accorder au choix des résines, il faut consacrer un petit temps au départ pour faire les tests nécessaires et trouver les bons matériaux en fonction de ses objectifs. L‘accompagnement en termes d’expériences et de compétences techniques d’Arketyp 3D lors de cette phase indispensable est un facteur clef de succès.
Quels sont vos projets, sur quels axes orientez-vous vos recherches à présent?
Aujourd’hui je me consacre essentiellement aux recherches ayant trait à la réalité augmentée, et donc à l’intelligence artificielle appliquées à la dentisterie et je pense que la technologie d’impression additive va m’apporter beaucoup dans ce contexte dans le futur. Ce sera nécessairement un compagnon proche, mais je ne peux rien en dévoiler pour le moment.
LE POINT DE VUE DE L’UTILISATEUR
Interview Maxime BENAUSSE – CONDORSCAN
Après un an d’utilisation de la Vida d’Envisiontec mise en place chez Condorscan par Arketyp 3D, quel premier bilan peut-on tirer?
Le premier élément qui me vient à l’esprit est la rapidité que nous avons gagnée grâce à la Vida.
Nous étions déjà équipés d’une Orthodesk de Stratasys, dont le plateau était beaucoup plus grand et permettait de mettre jusqu’à dix à quinze modèles environ, mais pour cela il fallait compter environ huit heures d’impression. Nous lancions donc l’impression la nuit.
Sur le plateau de la Vida, on met certes moins de modèles, nous en mettons quatre en moyenne, mais l’impression s’effectue en 45 minutes seulement. Et pendant que l’impression du premier plateau s’effectue, nous préparons en parallèle le plateau suivant. Cette dernière opération ne nous prend que cinq minutes environ, le gain de temps est donc très important.
Rappelons que nous sommes un laboratoire de recherche et dans ce cadre, nous produisons entre 20 et 50 modèles par semaine, selon les vagues de tests effectués.
La rapidité d’impression est-elle le seul avantage que vous avez tiré de votre imprimante Vida?
L’autre inconvénient majeur de la Stratasys était l’entretien de l’imprimante, le principe de passage de la résine à travers un système de tuyaux et de têtes d’impression, qu’il faut nettoyer et purger fréquemment, nécessitait beaucoup de temps d’entretien. Par ailleurs l’imprimante devait toujours rester allumée, car une fois la machine éteinte, les têtes d’impression se refroidissaient et se bouchaient car la résine se solidifiait alors.
Et si d’aventure on n’utilisait pas la machine pendant deux semaines, il fallait tout vider, ce qui nous prenait environ deux heures, pour ensuite tout remplir de nouveau, avec des pertes matières importantes.
Nous avons donc beaucoup apprécié la facilité d’utilisation de la Vida avec laquelle nous pouvons vider et remplir le bac de résine en quelques minutes, la technologie DLP (Digital Light Processing) consistant en un projecteur LED qui polymérise la résine nous épargne donc toutes les manipulations de purge, de nettoyage et de perte matière, même lorsque l’imprimante est éteinte.
La seule intervention que nous avons eu à effectuer est un réglage du plateau que nous n’avons eu à faire qu’une seule fois en un an et qui s’est effectué en quinze minutes.
Je peux donc en conclure que nous avons gagné du temps, aussi bien en production qu’en entretien.
Et que pouvez-vous nous dire en termes de précision des pièces que vous produisez?
Lors de nos premiers tests avec la Vida, je trouvais que nous avions un peu moins de précision sur les couronnes par rapport aux autres pièces produites sur cette même imprimante, mais il s’est avéré que ce problème était dû au choix de la résine que nous utilisions pour les imprimer. Une fois la bonne résine sélectionnée, le résultat a été à la hauteur de nos attentes.
Que pensez-vous du service qui vous est fourni par Arketyp 3D?
Nous testons depuis quelques jours une toute nouvelle résine : E-Orthoshape qui nous a justement été recommandée par Arketyp 3D. Cette nouvelle résine leur a paru tout à fait adaptée à nos besoins, ils nous l’ont donc soumise et elle a par ailleurs le mérite d’être moins chère que celle que nous utilisions jusqu’à présent.
Cela fait deux jours seulement que j’effectue des tests et ceux-ci sont tout à fait concluants jusque-là. C’est un bon démarrage que nous espérons confirmer dans la durée.
Nous avons un très bon relationnel avec Arketype 3D qui est à notre écoute et est également force de proposition. Nous obtenons toujours les réponses à nos demandes de conseils, de précisions techniques, avec si nécessaire une prise de main à distance voire une intervention sur site comme ça a pu être le cas dans les premiers temps qui ont suivi le démarrage.
Pour plus d’informations : contact@arketyp3d.com